Pour cette rando exceptionnelle où la culture occupait une bonne place, nous étions une cinquantaine à nous retrouvé sur la place du village de Marly-Gomont.

Après un agréable café d'accueil (merci aux organisateurs), nous avons démarré notre périple par le cimetière où sont enterrés 4 des 7 aviateurs ayant trouvé la mort dans la nuit du 8 au 9 juillet 1943 lors du tragique accident de leur avion, le C Charlie un Avro Lancaster bombardier britannique parti de Grande Bretagne pour l'Allemagne, il s'est écrasé dans la banlieue de Marly-Gomont.

 

Nous avons tout d'abord emprunté l'axe vert ou plus précisément l'EUROVELO N°3,  ancienne voie ferrée, transformée en axe vert, puis en Eurovélo depuis le premier Juin 2018. Egalement dénommée « Vélo-route des pèlerins » ou « Scandibérique » dans sa partie française, c'est une vélo-route faisant partie d’un programme d’aménagement de voies cyclables à l’échelle européenne. Longue de 5 300 km, elle relie Trondheim en Norvège à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, en passant par la Suède, le Danemark, l'Allemagne, la France. La partie Française fait 1593 km et traverse 18 départements.

Dans notre région, cette vélo-route passe par Charleroi, Maubeuge, Glageon, Momignies, Hirson, Etréaupont, Proisy, Guise, Origny Sainte Benoite, Chauny. Des points « d'accueil vélo » sont labellisés sur le parcours et permettent aux voyageurs de se restaurer, se loger pour la nuit, réparer  ou nettoyer le vélo.

La fréquentation est significative et en forte augmentation. Par exemple en 2019 il a été relevé 44000 passages à Buire, 20000 à Marly Gomont et 34000 à Guise.

 

Continuant sur notre lancée, nous sommes arrivé au BARRAGE DE PROISY, également appelé « clapet de Proisy ». Il est conçu et géré par l'Entente Oise-Aisne. Il reçoit les eaux de l'Oise et du Ton qui confluent à Etréaupont. Il retient l'eau excédentaire, lors des pics de crue, dans l'amont de la vallée sur une surface de 230 ha et un volume de 4 millions de m³. La digue mesure 1 km de long et barre la vallée sur 5,5 m de haut. L'ouvrage peut abaisser le niveau d'eau de 55 cm en aval lors une crue cinquantenale. 

63 communes  bénéficient de cette retenue (principalement Guise).

Les premières études et concertations avec les propriétaires des terrains concernés ont débutés en 2001. Il a été inauguré en 2009, et sa mise en service c'est faite en décembre 2010.

Il a notamment régulé la fameuse crue de fonte des neiges des 7 et 8 janvier 2011 en jouant son rôle au maximum. Depuis il n'y a pas eu d'interventions majeures.

Son coût a été de 8,2M €.

 

Poursuivant notre chemin nous avons découvert MALZY: premier village équipé d'un réseau d'eau potable dés la fin du 19ième siècle.

Les habitants le doivent à Pierre LARUE, né en 1828. C'était un avocat Vervinois fortuné, qui a été propriétaire du château de Brandouzy. En 1895, à 67ans, il entreprend la construction d'un réservoir pour alimenter en eau potable les habitations de Malzy.

L'ouvrage, encore en bon état, est construit en brique rouge de Belgique avec une voûte à l'architecture égalant certaine église.

Deux puits de 30m communiquant entre eux sont alimentés par une source. De ces bassins partait un tuyau qui alimentait les cinq fontaines du village qui laissaient l’eau à la disposition des animaux d'élevage et des passants. Ces fontaines encore visibles aujourd'hui pour certaines, ont été dénommées de la façon suivante :

la première porte le deuxième prénom de Mr Larue : Edouart (située chez Liénard), la deuxième porte le nom du domestique : Furcy (située chez JL Mayet), les troisième et quatrième portent les prénoms de Mme Larue : Louise (à l'église) et Marie (qui n'existe plus) et la cinquième porte le nom de la patronne du village : Aldegonde (qui n'existe plus). L'association du village « au fil de l'eau » entreprend la rénovation progressive de ce patrimoine.

 

Dans le cimetière de ce village, nous nous sommes attardés sur la tombe de Jean Louis VIEVILLE des ESSARTS né à Malzy le 29 Février 1744 d'un père laboureur à Malzy qui fut ensuite maire de Guise et d'une mère originaire de Monceau sur Oise, Marie Marguerite Carlier.

Il est cousin germain avec Camille Desmoulins (plus jeune de 16 ans). Jean Louis épouse Denise Françoise Suzanne Charlotte des Forges des Essarts, originaire de Guise et anoblie précédemment. Ils auront 3 fils et une fille.

Pendant la révolution (de 45 à 55 ans) il fut très actif : Il a siégé à gauche de l'assemblée constituante puis  aux état généraux de 1789 à Versailles. Il était contre la Gabelle et proposa un impôt plus équitable sur les contribuables privilégiés. En 1789, il est contre la vente des biens de l’Église à la Nation.

En Janvier 1791, il restructure la marine française et diminue fortement son coût.

En Mai 1791, il propose un plan d'abolition graduel de l'esclavage.

En juillet 1791, il fait partie des deux seuls députés de gauche fidèles au roi Louis XVI.

En décembre 1792, il est contre le tribunal révolutionnaire.

En 1794 (50 ans) le 9 thermidor, il finit par être arrêté à Guise, emprisonné à Laon puis à Luxembourg.

Il est condamné à mort mais sauvé in extrémiste par un quiproquo sur sa condamnation (à cette époque Danton, Mara, Desmoulins, etc ont été guillotinés)

Sous le premier empire (de 55 à 67 ans) il rentra dans l'administration, fut nommé maire de Guise, puis président du conseil général de l'Aisne puis Sénateur.

Sous la Restauration (de 67 à 74 ans) il fut anobli par Louis XVIII, et resta fonctionnaire des eaux et forêts, sa spécialité.

Il meurt en 1820 d'un AVC le 13 décembre à l'âge de 76 ans à Guise.

Il est inhumé au cimetière de Malzy où il repose avec sa famille en face de l'entrée de l’Église.

 

Comme dans bon nombre de villages, le cimetière ceint l'église. Ici, c'est l'ÉGLISE Sainte Aldegonde de MALZY qui fait partie du diocèse de Soissons. Depuis 1999 elle fait partie de la paroisse du Pays de Guise-Notre Dame de la Salette, suite au regroupement de 38 petites paroisses.

Construite au 16ième et 17ième siècle, inscrite aux Monuments Historiques depuis 1927.

Le portail en brique en plein cintre est surmonté d'un œil-de-bœuf avec un vitrail. Le chœur, beaucoup plus haut que l'abside, est la seule partie fortifiée de l’Église. Il est surmonté d'un clocheton couvert d'ardoises.

Le chœur est encadré de deux tours de même hauteur au toit octogonal, percées de meurtrières dont l'une à la base tronquée est supportée par un contrefort. Au niveau supérieur, des ouvertures permettaient de combattre les assaillants.

 

Toujours dans ce même village nous nous sommes arrêtés devant LE LAVOIR qui date  la fin du 19ième siècle. Il servait aux lavandières pour le lavage du linge et la causerie (jacasserie).

Il a deux particularités: le bac est en forme de trapèze et les colonnes sont en fonte.

Il est alimenté par une source captée juste derrière.

Cette source alimente, par une pompe, le château d'eau de Malzy situé au dessus à 200m sur le plateau.

L'eau qui n'est pas prélevée pour le réseau d'eau potable de Malzy passe par le lavoir puis coule vers les étangs situés en dessous.

La toiture et la charpente ont été détruites par une tempête en 1980 et les colonnes ont été cassées.

Reconstruit ensuite et bricolé en bois puis en béton, il a tenu jusque 2019. Il fut refait intégralement en 2019 par le président de l'association « au fil de l'eau » Régis Thièfaine. Les colonnes en fonte ont été reconstituées à l'identique à partir d'une photo. Il a été réalisé une sculpture en bois, qui elle même, a permis de confectionner le moule permettant la coulée de la fonte.

 

Continuant, nous sommes parvenus à L'ETANG des SOURCES de MALZY, domaine créé pour la pêche de la truite dans les années 1968.

Deux bassins devant une buvette, une clientèle nombreuse de pêcheurs amateurs, sûr de repartir avec du poisson, vu les quantités importantes déversées devant chaque pêcheur. C'était le début des élevages de truites en pisciculture spécialisée.

Le domaine repris en 1998 par les actuels propriétaires, s'est fortement développé.

Il s'étend sur 5 ha et comprend 10 bassins de différentes tailles pour la pêche à la truite et à la carpe.

Il s'est également diversifié avec l'adjonction dans les années 2000 d'un bâtiment d'accueil avec restauration rapide, salle de réception, sanitaires et logement.

En 2013, Stéphanie, l'actuelle propriétaire, continue la diversification des activités en créant un accueil  pour les camping car et un accueil vélo en partenariat avec l'euro-vélo 3. Puis par la mise en place d'une activité d'hébergement insolite avec la construction d'un cottage haut de gamme, en fonction depuis 2 saisons. L'évolution continue par la construction d'un local technique et celle d'un deuxième cottage

Sur le même site, le frère et la belle sœur de Stéphanie finissent la construction d'un centre de bien-être : Naturel'spa avec Grand jacousi, nage à contre courant, sauna, lit massant, etc. Sa mise en service est prévue pour l'hiver 2021.

 

Une particularité hydrogéologique explique la présence de nombreux étangs sur une distance de 5 km de ce coté de la vallée de l’Oise entre Malzy et Monceau sur Oise (environ 25 étangs).

Il s'agit de sources de débordement, il y en a 15 de cartographiées par l'IGN sur les 5 km en question.

Une source est l'endroit ou une eau liquide sort naturellement du sol.

De débordement, car la nappe phréatique positionnée dans une couche de calcaire (Turonien) au dessus d'une couche d'argile est coupée par la vallée, creusée par l’Oise donc l'eau coule à flan de vallée.

Ces étangs ont été créés par l'homme au court du 19ième siècle pour le loisir.

 

C'est en ce lieu idyllique, avec le soleil revenu en prime, que nous nous sommes posés pour un déjeuner tiré du sac bien réconfortant. Nous étions alors d'attaque pour entamer notre seconde étape.

 

Empruntant tour à tour des chemins pas toujours secs mais praticables, l'axe vert, voir de petites routes nous sommes arrivés sur le site de LA CARRIERE d'ARGILE de la POTASSE, site se situant à cheval sur deux terroirs: Proisy et Marly-Gomont et actuellement exploité par la Société Suez RV Nord-Est pour une durée de 19 ans par tranches renouvelables (3 x 5 + 1 x 4). Le périmètre d'autorisation est de 13 ha, mais celui d'exploitation n'est que de 4 ha. L'extraction est effectuée à la pelle hydraulique pour une production moyenne de 35 000 T / an (max de 55 000 T / an) avec une cote limite d'extraction de -111.5 m. Vers le milieu du siècle dernier, l'exploitant de ce site était la cimenterie d'Origny-Ste-Benoite et l'évacuation se faisait par chemin de fer (époque du plein essor de la ligne Guise – Hirson) une déviation arrivant directement sur le site. Le chargement des wagons se faisait par des ouvriers à la pelle (il fallait tremper la pelle dans un seau d'eau avant chaque pelletée pour que l'argile ne colle pas à la pelle). Actuellement, l'exploitation se fait, dans la limite des 55000 t / an, à la demande des Clients.

 

La tête bien remplies de toutes ces informations tout au long de cette journée et les jambes commençant à demander grâce nous sommes revenu à notre point de départ, fatigués certes, mais heureux de notre journée où le sigle de notre Association Rando Nature & Culture prenait tout son sens.