Malgré un léger vent, quelque fois un peu frais, c'est d'une météo idéale dont ont pu bénéficier les 68 randonneurs réunis sur la place de le ½ Lune de La Capelle pour le départ de notre randonnée hebdomadaire. Nous mîmes d'abord le cap sur l'hippodrome que nous avons eu l'avantage de pouvoir parcourir en tous sens, pouvant même traverser les pistes. Ce passage en ce lieu typique permis à notre guide culturel de nous conter l'histoire des hippodromes et de celui de La Capelle plus précisément.

Les hippodromes datent de l'Antiquité, se présentent souvent en forme oblongue et sont dédiés aux courses de chars et de chevaux. A noter, dans l'aviation un hippodrome, nommé également "stacks", est un circuit en vol d'attente à proximité des aéroports, permettant aux avions d'attendre l'ordre d'atterrissage. Les premières épreuves de sport hippique moderne se tiennent à Paris le 15 mai 1651 en présence de Louis XIV et du futur Charles II d'Angleterre mais sans mention d'hippodrome. Il faut attendre le début du XVIIème siècle pour que le premier hippodrome ouvre à Newmarket en Angleterre. L'hippodrome de Vincennes est créé en 1780 pour faire plaisir à Marie-Antoinette d'Autriche, passionnée par ce sport. En 1851 on compte 51 hippodromes en France. Avec 236 hippodromes répertoriés au 1 janvier 2019, la France rassemblerait quasiment la moitié des hippodromes européens. Des inaugurations d'hippodromes se multiplient depuis peu dans le monde arabe et en Asie. Sur l'hippodrome de La Capelle, on dénombre environ 20 réunions dont 6 PMU par an, de février à novembre. C'est le seul hippodrome d'Europe à avoir les appellations "Pôle d'Excellence rurale" et "Pôle Européen du trot".

En 1873, les distractions étaient plutôt rares à La Capelle, petit bourg de deux mille habitants, en plein cœur de la Thiérache. Quelques jeunes gens parmi lesquels Charles Belin, Henri Dehon, Alfred Devouge, Henri Flamant, Albert Hugot, le capitaine Meuret, à l'issue dune soirée de parties de cartes dans un café de la ville, disputèrent entre eux une course pédestre qui, en raison de son originalité nocturne, n'eut pas toutes les faveurs de l`Administration municipale de l'époque. Un procès pour tapage nocturne fut dressé et alimenta les passions locales pendant quelques jours. Le mardi 2 septembre 1873, le même groupe, grossi d'herbagers et d`éleveurs des environs, se trouvait à nouveau réuni dans le même café de la ville, et commentait joyeusement l`évènement. Entre gens qui étaient fiers de leurs écuries, et dont l'élevage était la principale occupation, la conversation ne tarda pas à être orientée sur les chevaux. Henri Flamant fit l`éloge de sa jument "Flibustière". Bah! repliqua Charles Belin, ma "Suzanne" vaut bien "Flibustiere" et je la crois même capable de faire mieux. Henri Dehon exprima l`opinion d'un connaisseur. A son avis, les deux juments se valent et ce serait un beau spectacle de les voir s`affronter. L'idée de mettre leurs chevaux en compétition fut favorablement accueillie par les deux propriétaires.

Ils invitèrent tous ceux qui étaient présents à assister à la lutte. Mais, il y avait d'autres éleveurs qui possédaient aussi des chevaux de qualité; ils manifestèrent l'intention de profiter de l'occasion pour ce produire. Puisqu'on y était pourquoi ne pas organiser une journée de course entre éleveurs du pays. La proposition fut accueillie avec enthousiasme.

Tandis que nos amis continuaient à discuter, des consommateurs ayant entendu la conversation, s`étaient empressés de quitter le café et déjà propageaient la nouvelle. Le lendemain, on ne parlait plus que de cela dans le pays.

Chacun voulait participer, d'autres offraient des prix, Concours et engagements arrivaient de toute part. Les organisateurs qui avaient pensé à une réunion entre amis, d'un caractère simple et intime, se voyaient obligés d'aller de l'avant, entrainés plus loin qu'ils n'auraient voulu.

Pour faire face à la situation Charles Belin, Henri Dehon, Jules Carierre, Alfred Devouge,

et M. Herigny constituèrent un comité et se partagèrent la besogne. Il n`y avait pas un instant à perdre pour mettre sur pied un hippodrome en huit jours.

Tandis que les uns délimitaient le champ de courses dans les pâtures d'autres s`occupaient d'installer des tribunes avec des madriers posés sur des tonneaux. En quelques jours ils réussirent à établir une enceinte de pesage, un vestiaire... et une buvette.

L'ensemble avait finalement un caractère de kermesse aussi original que pittoresque. Malheureusement, dans les derniers jours de la semaine, la pluie vint tout gâcher et il fallut se résigner à remettre la fête. Enfin le dimanche 29 septembre par une belle journée ensoleillée la réunion pu avoir lieu.

Officiellement, l'hippodrome est né en 1874. Dans son édition du 11 février 1874, "l'Impartial de l'Aisne" mentionne que l'hippodrome a été inauguré en octobre 1873 et que la première Assemblée Générale officialisant la naissance s'est tenue début février 1874. Depuis, il s'est hissé au niveau des plus prestigieux hippodromes français, fréquenté par quelques 60 000 personnes chaque année.

Au niveau équipement on trouve: une piste en sable de Mouen (carrière de Mouen – Calvados), corde à gauche (on tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre), un anneau de vitesse de 1609 m (1 Mile), unique en France, une carrière en sable aux dimensions olympiques (160 m x 80 m), des haras, des paddocks, des écuries et le centre de formation avec la maison familiale et rurale. La carrière peut-être utilisée pour des sauts d'obstacles de niveau international, mais aussi pour de l'attelage, du dressage voir du polo.

Un système de vidéo transmission assure le suivi et les commentaires de chaque course grâce aux caméras placées autour du parcours. On trouve également au niveau des tribunes un restaurant panoramique et un bar à champagne.

 

Fort de tous ses renseignements, nous pouvions quitter ce lieu et reprendre notre boucle. Boucle qui se déroulait sur des chemins très agréables, conséquence de la très bonne météo des ces derniers jours. Mais boucle qui se terminait sur une note un peu négative quand environ la moitié du groupe, sur l'impulsion de quelques uns, décidait de "prendre un raccourci" et ne pas suivre notre guide.