Avec le beau temps revenu, mais encore sous l'influence des vacances, nous étions 53 sur la place de l'église du bas de Tavaux-et-Ponséricourt au départ de notre périple hebdomadaire. Aujourd'hui, Jean-Pierre a laissé sa place de guide à Jean-Marc, le local de l'étape. Ce dernier nous à concocté un bien joli parcours avec de nombreux petits chemins quasiment au sein du village nous permettant de voir de nombreuses propriétés par "leur face cachée". Même si par endroits il nous fallait faire attention, malgré toute cette pluie depuis le début du mois, les chemins étaient propres et agréables. Vers la fin du parcours, Sylvain, notre guide culturel nous a parlé un peu de ce village… de ces villages

Tavaux-et-Pontséricourt est une commune rurale de 552 habitants occupant un territoire de 2542 Ha, principalement composé de terres agricoles (96,2 %), zones urbanisées (2,7 %), forêts (1,1 %).

Le nom de "Tavaux" apparaît pour la première fois en 867 sous l'appellation latine de Tavellus dans une Charte carolingienne de Charles-le-Chauve, puis Thaveals dans un cartulaire de l'abbaye Saint-Martin de Laon en 1165. Un four à chaux datant de 867 a été mis à jour entre 1968 et 1971 à la Butte de Malaise par le groupe de recherches Archéologique de la Thiérache.

Créé autour d’un pont sur la Serre, Pontséricourt n’apparait qu’en 1242 et constitue jusqu’en 1792 une paroisse distincte dont l’église est placée sous le vocable de Saint Médard. En 1554, les habitants obtinrent du Roi l'établissement dans leur village d'un marché chaque semaine et de deux foires annuelles. Ponséricourt est rattachée à Tavaux en 1802.

Au début du 19è, la population atteint son maximum 1325 h en 1836. Une fabrique de sucre (le mot sucrerie n'est pas encore inventé) est créée à Tavaux en 1864. Rachetée en 1898 par la sucrerie de Montcornet, elle est transformée alors en râperie. Reliée à l’usine centrale par une centralisation souterraine (genre de pipeline transportant les cossettes) de plus de 10 km, elle fonctionne jusqu’à la guerre 14-18.

De 1907 à 1959, Tavaux a été traversé par la ligne de chemin de fer de Marle à Montcormet passant au sud du village sur la rive droite de la Serre.

Chaque jour, quatre trains s'arrêtaient dans chaque sens. L'ancienne gare, devenue habitation, existe encore de nos jours, au sud du village, dans la cour de la scierie actuelle.

Première guerre : Dans un cahier d'écolier, l'institutrice relate la vie du village tout au long de la guerre.
Elle décrit l'euphorie du départ le 2 août 1914: Les hommes, les jeunes gens, drapeaux déployés, gagnent la gare, chantent La Marseillaise et partent aux cris répétés de : A Berlin ! Vive la France !. Les Allemands arrivent dans le village le 5 septembre. Pendant toute la guerre, Tavaux-et-Ponséricourt restera loin du front qui se stabilisera à environ 150 km à l'est aux alentours de Péronne. Les habitants vivront sous le joug de l'ennemi : réquisitions de logements, de matériel, de nourriture, travaux forcés. En octobre 1915, une Kommandantur est installée à Tavaux. En mai 1916, les fillettes âgées de 10 à 13 ans sont obligées d'aller travailler dans les champs : elles coupent les chardons, arrachent les mauvaises herbes... En juin 1917, toutes les femmes et jeunes filles sont obligées d'aller travailler dans les champs... Toute désobéissance était immédiatement punie d'amende, de cellule au pain sec et à l'eau ou même de prison... Vers le 20 octobre 1918, la Kommandantur quitte Tavaux, elle emmène les derniers bestiaux, les dernières récoltes, toutes les volailles, le mobilier le linge... Le 5 novembre les voies du chemin de fer sont détruites puis les ponts... Il n'y a pas de combats dans le village.

Deuxième guerre: Nouvelle occupation de mai 40 à août 44. Le 30 août 1944, en début d'après midi des soldats SS de la division Adolf Hitler et de la division Hitlerjugend venus de Marle et de Montcornet, bouclent le village avec des chars Tigre, des auto-mitrailleuses et des camions de troupes. L’opération de représailles commence. Les habitations sont systématiquement incendiées, des civils sont rassemblés, d'autres sont abattus à la grenade ou au fusil. Au total, 20 civils, vieillards et enfants seront massacrés, 86 habitations détruites.

Le 31 août 1944, 300 résistants convergent de la région pour libérer Tavaux des quelques occupants encore présents. Ils sont suivis de près par l'armée américaine qui arrivera en fin de journée.

Tavaux est, avec le village de Plomion et le hameau du Gard à Étreux, l'un des trois villages martyrs du département de l'Aisne. Le village a reçu la médaille de la Résistance le 31 mars 1947 par un décret signé par le Président de la République: Vincent Auriol.